Conférence épiscopale

Présidentielle 2023 : les évêques du Gabon tirent la sonnette d’alarme d’un Gabon malade

Présidentielle 2023 : les évêques du Gabon tirent la sonnette d’alarme d’un Gabon malade
L’abbé Michel Ange Bengone Othoungha lisant au nom de ses pairs, le message des évêques © 2023 D.R./Info241

C’est un message auquel ne s’attendait certainement pars les membres du gouvernement gabonais dont son Premier ministre, venus massivement à la messe de clôture de la 30e assemblée plénière des évêques du Gabon. Cette messe qui se tenait à l’église Saint Pierre de Libreville, a été l’occasion pour les évêques du Gabon d’alerter sur le climat socio-politique du pays et de dresser un tableau peu reluisant de la gestion du pays des actuelles autorités gabonaises. Tout en appelant au sursaut à la veille de la présidentielle de cette année.

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Venus massivement pour la clôture de cette 30e conférence épiscopale du Gabon, les membres du gouvernement gabonais, en tête desquels le Premier ministre Alain-Claude Billie-By-Nzé, ne s’attendaient pas à y prendre une douche froide. En écho au discours prononcé par l’archevêque métropolitain de Libreville, Mgr Jean-Patrick Iba-Ba le 6 janvier, les évêques du Gabon ont dressé dimanche le tableau d’un pays malade.

Un message de vérité

« La situation socio-politique dans notre pays présente (..) des signes d’inquiétude et quelques espoirs. Notre analyse révèle des nuages à l’horizon, les mêmes causes produisant les mêmes effets », a prévenu l’abbé Michel Ange Bengone Othoungha lissant le message de l’ensemble des évêques à l’endroit des chrétiens du pays. Ils ont dénoncé une mauvaise répartition des richesses qui plombe le climat polico-social. Mais aussi « un taux de chômage relativement élevé » surtout chez les jeunes.

Le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur, présents à cette messe toute spéciale

« Le réseau routier demeure impraticable dans plusieurs zones », a rappelé l’abbé Michel Ange Bengone Othoungha. « On déplore encore des détournements au détriment de projets de développement. Par conséquent, le tissu économique local reste faible. La politique de l’habitat ne répond que fort peu aux attentes de la population. Par ailleurs, la pression fiscale galopante n’aide ni les opérateurs économiques ni les ménages », a dépeint l’église catholique sur la situation socio-économique du Gabon.

Des maux d’un Gabon malade

Sur le plan politique, « l’essoufflement du modèle hérité de la conférence nationale de 1990 a conduit à un multipartisme inopérant », ont déploré les évêques. Ce défaut de pluralité politique du pays se traduit par « des débats non-équilibrés entre majorité et opposition, la guerre des égos, des dialogues qui mettent en avant des intérêts personnels ». Pour les évêques, les conséquences de ce climat politique sont nombreuses : « crise de la gouvernabilité, crise de confiance entre les citoyens et les hommes politiques ».

Quelques autres membres du gouvernement

Avant de rappeler que « l’Eglise catholique ne se confondait d’aucune manière avec la communauté politique et n’est lié avec aucun système politique ». Ce qui lui permet certainement de s’exprimer le plus librement possible sur la réelle situation du pays. Avant d’avertir : « Lorsque l’église s’occupe du développement d’un peuple, elle ne peut être accusée d’outrepasser son propre domaine de compétence et encore moins le mandat reçu du Seigneur ».

Face à ce tableau sombre, les évêques ont appelé les chrétiens à un engagement social et politique pour la vérité la justice et la paix lors du futur scrutin présidentiels. Ils ont particulièrement appelé la classe dirigeante actuelle à faire preuve de sursaut moral et spirituel. Une exhortation à laquelle ne s’attendait aucunement Alain-Claude Bilie-By-Nzé, promoteur d’une probable journée nationale de prière pour la Nation. La même nation victime de nombreux maux qu’ont relevé avec sincérité les évêques du Gabon.

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