Portrait

Dr Ludwig Philipp Albert Schweitzer, figure très controversée de la médecine coloniale au Gabon

Dr Ludwig Philipp Albert Schweitzer, figure très controversée de la médecine coloniale au Gabon
Dr Ludwig Philipp Albert Schweitzer, figure très controversée de la médecine coloniale au Gabon © 2022 D.R./Info241

Dr Ludwig Philipp Albert Schweitzer (1875-1965) plus communément appelé Dr Albert Schweitzer est sans l’ombre d’un doute, un personnage important de l’histoire coloniale du Gabon. Bien qu’étant docteur en médecine, c’est assurément la notion d’humanitarisme qui le conduisit en Afrique équatoriale française au sein de la colonie du Gabon Français autrefois rattachée au Moyen-Congo.

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Arrivé sous la bannière de la bienfaisance et de l’assistance médicale, un hôpital modestement sommaire, que l’on pourrait aisément qualifier d’hôpital de brousse, fut érigé par la volonté de cet européen encore inconnu venu de France. Mais, les conditions de travail et de traitement des différents internés traduiront très rapidement un regard bicolore de Schweitzer. Bien qu’il ne fût pas un spécialiste des maladies tropicales comme la lèpre ou la maladie du sommeil, il entreprit plusieurs voyages entre l’Europe et le Gabon pour récolter assez d’argent afin de supporter les charges matérielles, financières et médicamenteuses que lui imposait la pratique de sa profession.

L’on pourrait effectivement louer les intentions charitables de sieur Albert dans la prise en charge des différents patients dont plusieurs broussards, indigènes et blancs confondus, visant à trouver cure à leurs divers maux. Par ailleurs, il serait équitable de mettre en lumière les approches et procédés thérapeutiques infâmes du docteur franco-allemand et le fond de sa pensée sur l’Afrique noire et de ses habitants. Sans filtre, nous vous livrons un portrait de celui qui fut longtemps considéré sans doute, à tort pour certains et à raison pour d’autres, comme le « Messie » de la médecine tropicale et un fervent défenseur de la paix, de la cause humanitaire et de l’égalité des êtres vivants.

 Arrivée sur la terre des hommes

L’union d’Adèle Schillinger, fille de pasteur et férue de politique, et Louis Théophile Schweitzer, très cultivé pasteur de résonnance libérale, furent le 14 janvier 1875, vraisemblablement des heureux parents de Ludwig Philipp Albert Schweitzer, le deuxième d’une fratrie de cinq enfants, qui venait de naître dans la ville de Kaysersberg en Alsace considérée à ce moment de l’histoire comme une « province perdue » de l’empire français. En effet, l’Alsace n’appartenait plus à cette période à l’empire français suite à la victoire des allemands lors de la guerre franco-allemande de 1870 ; la France sous le règne de Louis XIV avait déjà fait passer l’Alsace sous sa souveraineté entre le milieu du 1650 et. 1870.

Albert Schweitzer prit pour épouse, le 18 juin 1912, Hélène Schweitzer née Bresslau. De leur mariage, un seul enfant fut conçu : une fille du nom de Rhéna Schweitzer Miller venue au monde le 14 janvier 1919. Schweitzer était le cousin d’Anne-Marie Schweitzer, mère de Jean-Paul Charles Aymard Sartre communément appelé Jean-Paul Sartre, célèbre écrivain et philosophe français. Albert Schweitzer a retrouvé son identité française, officiellement le 10 janvier 1920, lors de la promulgation des accords issus du traité de paix entre les Alliés et les puissances amies ainsi que l’Allemagne communément appelé « Traité de Versailles ».

 Aurore existentielle et cursus scolaire et musical

Lorsqu’il atteint l’âge de 5 ans, les parents du petit Schweitzer l’inscrivent à l’école élémentaire de l’actuelle banlieue de Munster, Gunsbach, unité urbaine de la région du Grand Est. Ils s’y sont installés la même année de naissance d’Albert au début du mois de juillet. A l’époque, tous les habitants de l’Alsace occupée avaient été confrontés à l’injonction des autorités allemandes offrant deux possibilités aux populations : soit rester et acquérir automatiquement la nationalité allemande soit celui de quitter la région. Théophile Schweitzer décida de ne pas quitter sa terre mère. En 1884 à 9 ans, Schweitzer est envoyé au collège de Mulhouse, ville d’occupation allemande durant ces temps.

Ses parents l’avaient confié à un grand-oncle qui y vivait avec son épouse. Bien avant son départ pour Mulhouse, Albert Schweitzer avait été initié par son père à l’orgue, instrument de musique à vent. Il commença son apprentissage dans le lieu de culte que son père dirigeait, lui qui est un homme d’église établi pasteur depuis 1880. C’est ainsi qu’au moment où il habite avec son grand-oncle, le jeune Albert prend des cours de piano mais aussi d’orgue avec le célèbre organiste allemand, Eugène Munch qui le fait connaître Ludwig Van Beethoven et de Jean-Sébastien Bach, deux mastodontes allemands de la musique, le premier étant un compositeur de la musique classique et romantique et le second, un organiste, claveciniste mais également un compositeur.

Le maître et son apprenti se retrouvent très souvent au Temple Saint-Etienne de Mulhouse et c’est le plus souvent à l’orgue que Schweitzer s’exerce sous le regard bienveillant de Munch. Au terme de huit années de lycée, Albert Schweitzer décroche son baccalauréat allemand en 1893 dénommé « Abitur (examen allemand qui homologue la fin du secondaire ». Soulignons qu’il était déjà polyglotte depuis plusieurs années avant l’obtention de son « Abitur » parlant entre autres l’allemand, l’alsacien et le français. Concernant la langue de Molière, Schweitzer a bénéficié de la richissime bibliothèque de son père, constitué d’œuvres en langue allemande et française, pour apprendre le français qu’il n’utilisait que dans la rédaction des missives qu’il expédiait à des tiers. L’allemand était obligatoire dans les lieux publics depuis l’annexion des allemands en 1870.

Pendant la période de grandes vacances scolaires de l’année 1893, Schweitzer se rend à Paris en France chez le frère de son père, Auguste Schweitzer. Son épouse, passionnée de musique et d’orgues, décide autant qu’elle le peut, de consacrer ses journées à la supervision du perfectionnement de l’apprentissage musical de Schweitzer. Elle confie son enseignement de l’orgue au renommé organiste, compositeur et professeur français, Charles-Marie Jean-Albert Widor. Il deviendra son élève car ne pouvant apprendre davantage aux côtés d’Eugène Munch quand il décèdera le 4 septembre 1898 de la fièvre jaune. Grâce à l’obtention de son baccalauréat, Schweitzer s’inscrit à l’Université de Strasbourg située dans le Bas-Rhin.

Il opte pour les Facultés de théologie protestante et de philosophie. Albert Schweitzer débute son parcours universitaire en octobre 1893. Entre 1894 et 1895, il effectue son service militaire à Strasbourg. Après environ une année d’interruption de ses études pour « devoir civique », il reprend ses études et le 2 août 1899, il devient titulaire d’un doctorat en philosophie. L’année suivante, il décroche sa licence en théologie. Albert Schweitzer possède également une « habilitation » à exercer la médecine délivrée en 1912 et un doctorat en médecine obtenu en février 1913 à la Faculté de médecine de Strasbourg après avoir suivi une formation en maladies tropicales, autrefois appelée maladies coloniales, à Paris dès 1912.

Cela a été rendu possible grâce à la validation de ses nombreux stages et notamment celui sur la médecine tropicale effectué à Paris en 1913. Albert Schweitzer est par ailleurs détenteur d’une autorisation de prêcher reçu en 1898. L’église luthérienne d’Alsace et de Lorraine, actuelle Eglise protestante de la confession d’Augsbourg d’Alsace et de Lorraine, l’a ordonné le 23 septembre 1900. Il a notamment effectué un stage au sein de l’église Saint-Nicolas de Strasbourg sous Charles Théodore Gérold, théologien protestant et pasteur alsacien. Tout au long de son cursus, Albert Schweitzer a entrepris plusieurs séjours d’études en Allemagne et en France où il s’est entretenu et a été enseigné par d’éminents professeurs de théologie, de philosophie et de musique tels que le sociologue philosophe allemand, Georg Simmel ou encore le théologien protestant Julius Kaftan, lui aussi allemand.

Schweitzer a aussi été l’épigone du professeur d’université et théologien allemand Otto Pfleiderer, de la compositrice, musicologue, pianiste, enseignante et musicologue française Marie Jaëll. Sans oublier l’ethnomusicologue, philosophe, théoricien de la musique, professeur d’université, musicologue et psychologue allemand Carl Stumpf et surtout le docteur en médecine, en théologien en philosophie et en droit, écrivain, professeur d’université et bibliothécaire, Adolf Von Harnack considéré l’un des plus illustres doctrinaires du nationalisme libéral et protestant allemand. En 1923, Albert Schweitzer a étoffé ses connaissances médicales en suivant des stages de gynécologie et de santé dentaire.

 Office religieux et professionnel

Après son ordination à l’église luthérienne d’Alsace et de Lorraine ayant eu lieu le 23 septembre 1900, Albert Schweitzer est envoyé au vicariat de la juridiction religieuse de Saint-Nicolas, à Strasbourg, pour en être le prêtre adjoint. Pendant près de 12 ans, il occupera cette fonction de vicaire. Pour lui, il n’est nullement question d’aspirer à être curé car l’homme a besoin de temps libre pour s’informer davantage et se perfectionner dans ses recherches théologiques et l’art musique.

En 1902, Albert Schweitzer reçoit une habilitation universitaire et est engagé à la Faculté de théologie protestante de Strasbourg. Il n’y dispense que des cours particuliers de théologie et enseigne notamment le « Nouveau Testament » sans toutefois posséder le statut de chercheur ou de professeur. Le 4 avril 1913, il démissionne de son poste via une lettre allant dans ce sens alors qu’il se trouve à Dakar, colonie française d’Afrique occidentale française (AOF) en ces temps-là.

Il faut dire que Schweitzer souhaitait faire carrière dans le monde universitaire mais ayant unilatéralement décidé de quitter le pays pour s’adonner à ce qu’elle considérait comme une « hérésie », la Faculté dans laquelle il officiait l’obligea à « déposer le tablier ». Par ailleurs, de 1902 à 1906, il occupe les fonctions de directeur du collège protestant « Saint-Guillaume (Collegium Wilhelmitanu en allemand) » et celles d’aumônier et d’instituteur de la bibliothèque dudit collège.

En 1918, Albert Schweitzer a été assistant dans à la clinique de dermatologie de l’hôpital civil de la ville de Strasbourg redevenue française au sortir de la fin du Premier Conflit Planétaire. La même année, il a repris sa fonction de vicaire de la paroisse Saint-Nicolas. Trois ans plus tard, il a demandé à être affecté vicaire au sein de la paroisse de son père à Gunsbach et vit dans la maison familiale. En 1921, il élit cette fois domicile à la maison curiale de la localité.

 L’envol vers l’inconnu : déroulement et préparatifs

L’année 1896 constitue le point de départ des intentions altruistes et bienveillantes d’Albert Schweitzer. Cette année-là, le jeune alsacien prit la décision de se mettre, pour le restant de sa vie et ce à partir de sa trentième année d’existence, au service du bien-être des plus nécessiteux vivant aux confins de l’Afrique qui est à cette période, l’un des girons de la colonisation occidentale. C’est du moins ce qu’il laissera entendre dans ses écrits relatant les différentes péripéties de sa vie.

Un bulletin périodique d’informations de la Société des missions évangéliques de Paris (SMEP) fait montre de l’inquiétante faiblesse de recrutements de volontaires pour porter assistance aux populations indigènes en Afrique et plus particulièrement au Gabon qui fait partie du Congo français à cette époque. C’est en effet un texte de l’ethnologue, pasteur et missionnaire français, Jean-Eugène Casalis entre autres fondateur des « Missions protestantes », paru en 1904 dans « Le journal des missions évangéliques » qui convint littéralement Schweitzer dans cette voie humanitaire. D’aucuns affirment que les membres de sa famille s’intéressaient déjà de près à la question des politiques et des conditions de vie des peuples autochtones africains.

Dès 1905, Albert Schweitzer voulait rallier le Gabon mais son départ fut empêché par la mission protestante de France car ce dernier avait l’intention de se rendre en Afrique avec un statut de médecin, profession dont il n’avait pas un iota de connaissances. Cette solide raison poussa l’alsacien à suivre une formation dans ladite discipline scientifique. En 1913, bien que ses proches en particulier ses parents, sa belle-famille et ses amis ne partageassent pas ses envies d’ailleurs au détriment d’une carrière musicale, universitaire ou religieuse, Albert Schweitzer mit tous ses efforts pour rejoindre la colonie du Gabon français.

Sa mort s’en offusqua et prit la décision de ne plus lui adresser la parole et ce jusqu’à sa dernière demeure qu’elle rejoignit en 1916. Ainsi, Schweitzer s’outilla de plusieurs savoirs en médecine et entreprit de réunir suffisamment de fonds pour bâtir un hôpital en Afrique équatoriale dans le but de venir en aide à l’humanité en général mais surtout aux pauvres africains colonisés et ce dans une négligence coupable de la part de ses confrères occidentaux.

La crise d’Agadir dont l’une des conséquences fut la rétrocession de certaines régions du Gabon aux allemands et les suspicions à l’endroit de Schweitzer sur une supposé collaboration avec l’administration coloniale allemande en raison du fait qu’ils partageaient la même nationalité à ce moment de l’histoire rendit impossible le voyage du natif de Kaysersberg vers l’Afrique équatoriale française (AEF). De plus, un allemand de son niveau intellectuel ultra partisan d’un libéralisme théologique constituait un vrai malaise et une problématique dérangeante pour la mission.

Bien qu’il fût diagnostiqué de sérieux troubles mentaux en corrélation avec ce voyage avorté, Schweitzer s’en remit et finît par trouver la solution pour arriver à ses fins : il officiera en tant qu’organiste dans des concerts ou des prestations musicales et appellera à la bonne volonté de ses amis de Paris et d’Alsace pour réunir suffisamment de pécunes nécessaires aux dépenses liées à son voyage pour le Gabon.

 L’envol vers l’inconnu : Le premier voyage pour le Gabon français

Une fois l’argent réuni, Albert Schweitzer s’équipa en matériel de travail et en produits pharmaceutiques. Il n’oublia pas de se faire confectionner un piano à pédalier d’orgue dont la structure devait prendre en compte les âpres réalités climatiques de l’ardue forêt équatoriale. C’est bel et bien la société Bach de Paris, dont il est un membre de haut rang depuis 1905, qui s’y attèlera. Accompagné de sa femme Hélène, Albert Schweitzer se rend à Bordeaux en France pour embarquer dans le navire qui les conduira à bon port.

Bien que les dépenses fussent supportées par l’alsacien, c’est avec l’aval de l’ancien directeur de la SMEP de 1882 à 1912, le théologien et pasteur strasbourgeois Alfred Boegner, que cette expédition eut lieu. Nous sommes le 21 mars 1913. Le voyage fut long mais le plus important était qu’il se passa bien. Près de 25 jours après leur départ de Bordeaux, le couple Schweitzer débarqua au Gabon le 16 avril 1913. C’est au son des tambours que sa présence fut annoncée. Les populations des bords du fleuve « Ogooué » et au-delà, informées à l’avance par les religieux présents sur place, avaient hâte de connaître leur nouveau docteur européen.

A leur arrivée, les Schweitzer furent domiciliés au sein de la station missionnaire évangélique d’Adendé autrefois appelé station missionnaire de Kongwé dans laquelle fut installé une école, l’école missionnaire de Kongwé aujourd’hui lycée évangélique Michel Fanguinovény situé sur la rive droite de Lambaréné (Lembaréni en langue Omyènè qui signifie en français « essayez donc ! »). Au début de son service médical, l’installation de l’hôpital de brousse fut assez difficile. La case en tôle ondulée n’avait pas été livrée comme demandé par Schweitzer et il ne lui restait plus qu’à improviser. Il se servit d’un poulailler en piteux état pour y établir sa salle d’opération et sa demeure fut transformée en pharmacie sommaire.

Mais l’importante affluence des patients rendra les choses beaucoup plus difficiles. L’endroit manquait d’espace et peu après, des maisonnettes construites en bambou sortirent de terre pour interner les malades. Ils furent plus de mille patients admis au premier hôpital de Schweitzer entre l’arrivée du docteur et le début du mois de janvier 1914. Pour répondre à la demande, Schweitzer se faisait assister par sa femme qui avait, elle, une formation d’infirmière. Un polyglotte autochtone prénommé Joseph travaillait aussi à ses côtés pour pallier son manque de compréhension linguistique. Il y avait aussi Nzeng qui était son secrétaire de santé.

Accueillant de plus en plus d’individus souffrant de terribles maux tropicaux, la SMEP s’engage à bâtir un dispensaire de brousse pour aider le Dr Schweitzer dans la réalisation de sa profession médicale qui est mise à mal par le manque d’espace pour traiter plus rapidement et plus efficacement les patients. Une bâtisse munie de tôles ondulées verra le jour. Elle était encastrée dans du ciment et comprenait cinq pièces notamment un dortoir, un logement pour l’infirmier et une salle d’attente et deux autres pièces.

Les pathologies qui étaient souvent soumises à l’expertise de Schweitzer étaient pour la plupart la malaria, la trypanosomiase africaine (la maladie du sommeil), des tuméfactions, des plaies cutanées, des affections contagieuses bénignes, des maladies de parasites du tube digestif, des maladies infectieuses chroniques (à l’exemple de la maladie de Hansen plus connue sous le nom de la lèpre), celles liées à l’augmentation d’un ou de plusieurs membres.

C’est le plus souvent dans des conditions de travail difficiles que le docteur protestant libérait les indigènes et quelques broussards blancs des maux qui perturbaient leurs sommeils et très certainement leurs quotidiens. Entre le 5 juin 1913 et le 22 janvier 1914, le premier registre de malades de son hôpital compte mille entrées. Des moments, il intervenait bien loin de Lambaréné pour des cas très urgents.

Pour s’évader et se ressourcer, le Dr Schweitzer se réfugiait dans la musique et dans l’écriture. Son piano était un compagnon privilégié de ses soirées de court répit avant de nouvelles journées de pénible labeur pour le praticien allemand. Mais quand la Seconde Guerre Mondiale éclate, les conflits et les différends se répandent aussi dans les différentes possessions des empires allemand et français.

L’administration coloniale du Gabon, orpheline de certaines de ses régions cédées à l’Allemagne en 1911, s’oppose à l’armée allemande étant sous la direction de l’administration régionale de l’AEF et de facto de la Métropole française. Elle déclare non grata, toutes les personnes de nationalité allemande vivant sur son sol. Albert Schweitzer et sa muse seront ainsi interpellés le 5 août 1914 et gardés dans les locaux de la police coloniale pendant peu de temps.

Ils seront ensuite laissés mis en résidence surveillée avec l’injonction de réduire significativement leurs activités médicales et de ne point quitter la colonie. Le Dr Schweitzer se remit graduellement à exercer selon les besoins des populations. Par ailleurs, ses homélies constituaient une gêne pour le colonat administratif et le clergé. Malgré l’interdiction qui lui avait été donnée en France de ne pas en faire.

Il n’en avait cure, lui qui avait officié à un culte dès le 19 avril 1913 soit trois jours après son arrivée au Gabon. Environ 37 mois après leur première arrestation, le couple Schweitzer est à nouveau mis aux arrêts. Cette fois, Schweitzer et Hélène sont déportés en France avec le statut de « prisonniers de guerre ». Cependant, le praticien alsacien se savait surendetté auprès de la SMEP. Il avait en effet dû contracter des crédits auprès d’elle pour s’approvisionner en remèdes thérapeutiques et en matériel médical car ne pouvant lui-même sortir du Gabon après son interpellation en août 1914. L’alsacien avait un hôpital à faire tourner et des patients en état de souffrance.

 L’envol vers l’inconnu : Réhabilitation et retour à Lambaréné

Après leur détention comme prisonnier civil en France, Albert Schweitzer et sa femme sont finalement relâchés en juillet 1918 à la suite d’un échange de détenus entre l’Allemagne et la France. Le 8 août, il regagne l’Alsace. Il sera admis dans une structure de santé et passera sur la table d’opération en raison d’une complication sanitaire liée à une dysenterie contractée dans la caserne de Bordeaux où il était emprisonné. En 2019, il subira une deuxième intervention chirurgicale. Mais Schweitzer n’a pas pour autant oublié le Gabon et songe à y retourner dans les plus brefs délais.

Pour cela, il doit s’acquitter de sa dette envers la SMEP et engranger des profits pour réaliser ses importantes emplettes médicales qui lui serviront à soigner ses malades de Lambaréné et ceux venant de divers horizons de la colonie. Schweitzer se met de nouveau à donner des concerts et à tenir des conférences qui lui rapportaient de l’argent. Il se produit sur plusieurs scènes et universités européennes et autour de rencontres, de séminaires ou des colloques tels qu’en France, en Espagne, en Suisse, en Grande-Bretagne et en Suède où il mène même des osculations sur des orgues anciennes. Schweitzer reçoit grâce à ses prestations plusieurs dons de matériel et d’argent.

De 1919 à 1923, le désormais franco-allemand Albert Schweitzer récolta assez de sous qui lui permit d’honorer sa dette à la SMEP. Il acheta même un terrain dans la commune de königsfeld en Allemagne dans l’actuel district de Fribourg-en-Brisgau. Il y fît bâtir une habitation qui devint son domicile fixe en Europe. Une fois les travaux de sa maison achevés, le Dr Schweitzer se rendit, le 21 février 1924, à Bordeaux pour prendre le bateau qui devait l’emmener au Gabon. Son épouse, supportant mal le climat tropical et fragile, resta en Allemagne avec leur fille âgée de 5 ans.

C’est en partie pour cela que son époux avait songé à composer une nouvelle équipe médicale. Ainsi, un jeune universitaire britannique, Noël Alexander Gillespie, fera le voyage avec le toubib alsacien pour l’assister. Il deviendra par la suite docteur anesthésiste ; sa mère était une amie à Schweitzer et il semblerait qu’elle aurait suggéré à son fils d’interrompre momentanément ses études accompagner le presque quinquagénaire Albert. Les deux hommes arrivent à Lambaréné, dans le Bas-Ogooué, le 19 avril mais hélas, l’ancien hôpital de brousse de Schweitzer était dans un état déplorable. Aidés par les missionnaires et les volontaires autochtones, l’établissement sanitaire fut sommairement restauré. Les activités reprirent et l’hôpital recommença à refuser du monde tant les maladies tropicales gangrenaient la vie des habitants.

La situation devint infernale pour Schweitzer en 1925 avec la mort de son père le 5 mai puis avec l’avènement d’une épidémie de dysenterie entre octobre et novembre 1925. C’est en prévoyance de ce genre d’aléas que le Dr Albert Schweitzer avait anticipé l’accroissement des malades bien avant cette période d’augmentation de ladite pathologie en organisant la venue en date du 18 juillet 1924, d’une infirmière alsacienne du nom de Mathilde Kottmann, une fidèle servante de Schweitzer. Elle fut la première infirmière, chargée du ménage de la maison de Schweitzer à Lambaréné.

Puis, elle s’occupa de la comptabilité et du courrier et ce n’est qu’en 1966 qu’elle rentra en Europe. Près de trois mois plus tard, le premier médecin qui décide de venir collaborer avec Schweitzer vient lui aussi d’Alsace. Il s’agit de Victor Nessmann ; il s’est obstiné à venir au chevet du « vieux blanc » malgré le refus de ses parents qui n’épousent en rien la doctrine théologique libérale d’Albert Schweitzer. Il sera d’abord son assistant puis celui d’un autre médecin-chirurgien qui le suivra. Après un an et demi au Gabon, il rentrera en France et obtiendra un doctorat en chirurgie. Le second médecin à venir prêter main forte à Albert Schweitzer est un suisse du nom de Marc Lauterburg.

Lauterburg officiera au Gabon entre sa venue en mars 1925 et 1930 bien qu’il se soit rendu une seule fois chez lui en France entre ces deux dates. Sa maîtrise de la chirurgie était admirable. La réussite des opérations internes et externes qu’il effectuait sur les patients avaient influencé inspiration la suite du parcours universitaire de Victor Nessmann qui entreprit dès lors de se spécialisant en chirurgie. Emma Haussknecht, une institutrice, infirmière et logisticienne, elle aussi alsacienne, retrouva le Docteur Schweitzer et l’assista jusqu’à sa mort. Elle lui vouait un respect très distingué et œuvra toute sa vie avec lui à Lambaréné.

Eprise par l’action humanitaire de Schweitzer, Emma avait une véritable passion pour l’aventure et a sillonné le Gabon pour venir en aide aux malades des régions dont l’accès était possible pour elle ; en ces temps, les moyens de locomotion étaient quasi inexistants, seul les pinasses et la marche permettaient de se déplacer. Elle fut également mise en terre à Lambaréné. Schweitzer. L’alsacien Frédéric Albert Trensz est le troisième médecin à retrouver Schweitzer à Lambaréné. Par ailleurs en 1925, pour le natif du Haut-Rhin, il ne fait plus aucun doute qu’un nouveau bâtiment puisse abriter son hôpital.

Construit près de la station protestante d’Alembé, l’ancien structure sanitaire semblait vétuste, insalubre, moins spacieuse avec les tensions entre les patients et les missionnaires devenaient trop vives et insupportables. Le Dr Albert Schweitzer obtint l’octroi, par le gouverneur de la région, d’un terrain localisé non loin de la mission d’Andendé, à 3 km en amont du fleuve Ogooué. Entre janvier et février 1925, les travaux du nouvel établissement de santé sont lancés. La première et contraignante étape est celle consistant à couper toute l’herbe qui recouvre l’emplacement de la construction.

Durant toute l’année 1925, les travaux de défrichage et de désherbage eurent lieu. Les constructions débutèrent en 1926 sous la supervision du Docteur Schweitzer. Pendant cette période, c’est bien Marc Lauterburg assisté de Nessamann qui s’occupaient des opérations et du traitement des malades. Frédéric Trensz les épaula quand il arriva. Quant à Mathilde, elle apportait les nouvelles de l’hôpital et le repas du Doc quand il était présent sur le chantier de construction. Des moments, elle le remplaçait pour qu’il puisse se reposer ou quand il était appelé à la rescousse de ses jeunes médecins.

Bienheureusement, la structure sanitaire flambant neuve fut occupé en février 1927. Schweitzer s’installa définitivement sur le site qui lui avait été donné par le colonat administratif tout en mettant un terme aux tumultes causées par ses malades et les religieux de la station missionnaire. Cette nouvelle infrastructure visait à œuvrer au bon déroulement des services médicaux proposés et instituer une diversification de l’offre. De plus, cinq nouveaux bâtiments furent construits permettant de classifier les malades selon les pathologies.

Des brasseurs d’air sont installés et le confort est mieux qu’avant. L’hôpital a fortement augmenté sa capacité d’accueil. Albert Schweitzer s’organisa pour retourner en Europe en juillet 1927. Cela faisait plus de deux ans qu’il n’avait plus revu sa tendre épouse ainsi que leur fille. Après un long et fatiguant voyage accompagné de Mathilde Kottmann, Schweitzer retrouva les siens dans sa maison de Königsfeld.

 L’envol vers l’inconnu : le grand dénouement

Après des retrouvailles chaleureuses avec sa famille, Albert Schweitzer décida à nouveau de réunir assez de finances pour permettre à son hôpital de continuer à fonctionner normalement et épargner suffisamment s’argent pour des travaux de modernisation et d’agrandissement de sa structure de santé au moyen de concerts et de séminaires. De la période automnale 1927 jusqu’en 1929, le Dr Schweitzer se produira dans plusieurs pays européens dont le Danemark, la Suisse, la Grande-Bretagne, la Suède, la Tchécoslovaquie, l’Allemagne et sans oublier la France notamment en Alsace.

L’alsacien sera de retour à Lambaréné dès le mois de décembre 1929 accompagné de sa tendre épouse et de Rhéna. Cependant, Schweitzer avait au préalable pensé à soigner l’organisation de son œuvre humanitaire et médicale en mettant sur pied une nouvelle habitation abritant son secrétariat général grâce à la récompense pécuniaire issue du prestigieux prix Goethe qu’il reçut le 28 août 1928 ; Goethe était originaire de Francfort et fut un célébrissime poète, homme d’Etat, dramaturge, scientifique, diplomate et romancier du 18ème et du 19ème siècle. Cette idée était d’ailleurs lumineuse car elle permit à sa femme de participer plus activement à vanter les efforts de son mari pour la médecine et l’humanité et à récolter des dons divers et mariés pour l’hôpital. En effet, supportant mal le climat des tropiques et dotée d’une santé précaire, elle rentra en Allemagne dès le mois de mars 1930.

De décembre 1929 à décembre 1931, le Docteur Schweitzer exerce à plein temps à Lambaréné où les malades sont de plus en plus nombreux mais les médecins qui l’assistent ou qui le relaient se montrent très efficaces malgré la rudesse des conditions de vie et de travail. Après avoir envoyé une fin de non-recevoir à la Faculté de théologie de l’Université de Leizig en Allemagne, le Doc revient dans sa résidence de Könisgfeld pour passer du temps aux côtés de ses consanguins et harmoniser les actions à mener au sein de son secrétariat général.

Comme il est de coutume pour renflouer les caisses servant à la bonne marche de son œuvre, il se produit en Allemagne, en en Hollande et en Grande-Bretagne. Le troisième mois de l’année 1933 marque la quatrième arrivée du Dr Schweitzer à Lambaréné. Après 11 mois au Gabon, il s’envola à nouveau pour le « vieux continent » ; entre temps, l’accession d’Hitler à la tête du pouvoir allemand obligera sa famille à déménager en Suisse. Il la retrouva donc en février 1934 et poursuivit sur sa lancée en animant entre octobre et novembre 1934, des séminaires dans des renommées universités de Grande-Bretagne dont celles de Oxford et d’Edimbourg.

Trois mois plus tard, le Dr Schweitzer se rendit à Lambaréné et y séjourna pendant environ six mois. De retour en Europe, Albert Schweitzer se produisit musicalement à Strasbourg et à Londres. Ensuite le mois d’après, il fut parmi les principaux animateurs d’une série de conférences du nom de « Gifford Lectures » fondée par la volonté posthume de Adam « Lord » Gifford, un célèbre juge et avocat écossais du 19ème siècle.

En 1936, le Dr Albert Schweitzer officia musicalement en terres alsacienne et helvétique. Après des mois de quiétude et de détente avec femme et enfant, il repartit à Lambaréné en févier 1937. Le Docteur de 62 ans y demeura près d’un an. Mais son départ était purement réfléchi en 1939 car les tensions entre les occidentaux et l’Allemagne ainsi que ses soutiens devinrent électriques et laissaient présager une explosion de la situation. Il ne voyagea cette fois-ci que pour s’approvisionner en remèdes pharmaceutiques et en vivres divers pour maintenir le fonctionnement de l’hôpital dans la normalité.

Sa femme fut en effet mise au courant et c’est elle qui fut cette fois-ci chargée, à partir de 1937, d’animer en Europe et plus particulièrement aux Etats-Unis, quelques conférences plébiscitant les actions de son époux dans le but de collecter de précieux dons qui serviront à l’achat du matériel nécessaire aux praticiens et aux malades. S’en suivra ensuite son acheminement vers Lambaréné ; c’est pratiquement à cette époque que Schweitzer devint de plus en plus populaire. Cependant, le Dr Schweitzer passera près d’une décennie dans son hôpital en raison du déclenchement du Second Conflit Planétaire.

Albert Schweitzer revint en Europe qu’en octobre 1949. Ce voyage était vital pour l’alsacien car il fallait de nouveau réapprovisionner l’hôpital en médicaments et autres biens permettant d’assurer la prise en charge efficiente des nombreux patients. Il faut cependant souligner que l’hôpital avait été épargné durant le conflit franco-français qui opposait les forces du régime politique autoritaire de Vichy conduit par le maréchal Philippe Pétain aux résistants de la France Libre dirigée par le Général Charles De Gaulle.

En effet, les blessés des deux camps recevaient leurs soins au sein de l’hôpital du Dr Schweitzer qui se voulait impartial dans le conflit. Son but était de se mettre au service de la médecine et de ceux qu’elle peut évidemment sauver. Madame Schweitzer avait par ailleurs pu rejoindre son mari en 1941 mais elle repartit en Suisse cinq ans après avoir été obligé de séjourner longtemps à Lambaréné en raison de la guerre. Grâce à Dieu, les organisations et associations de bienfaisance américaines envoyèrent du matériel médical à Lambaréné dès 1942.

Ce qui permit à l’hôpital de poursuivre son service car le conflit militaire, se déroulant principalement en Europe, rendait très difficile le convoi de matériel vers les colonies africaines. Les hostilités ayant prises fin, Schweitzer retrouva sa famille en 1949 et donna à nouveau des concerts au Pays-Bas, en Alsace et en Allemagne durant les mois de mars et de septembre. Il tint aussi des séminaires spécialement au pays de l’oncle « Sam » entre juin et juillet.

Le 28 octobre 1949, le Dr Schweitzer regagna Lambaréné avec Hélène. Après près de deux années à épauler son époux, Hélène Schweitzer quitta Lambaréné au courant du mois de juin 1950. Son homme l’a rejoint dans leur maison d’Allemagne 11 mois plus tard. Albert Schweitzer donna à nouveau des concerts durant le mois de juillet 1951 des concerts en Suisse et en France dans la ville de Strasbourg. A la fin de l’année, il regagna une énième fois Lambaréné.

 L’envol vers l’inconnu : Apogée et ultimes luttes

Après avoir passé sept mois à Lambaréné, Albert Schweitzer rentra de nouveau en Europe en juillet 1952. Il n’y passa qu’environ quatre mois. En novembre 1952, Lambaréné l’accueillit comme à l’accoutumée. Cependant, le Docteur alsacien vint cette fois-ci dans cette ville africaine d’adoption pour mettre au monde un projet ambitieux d’ordres humanitaire, social et médical. Il avait à cœur de lancer les travaux d’un nouveau « pavillon » de l’hôpital. Il s’agit d’un village de lépreux qui portera le nom de « Village de lumière ».

Au sein de celui-ci, les malades atteint de la maladie de Hansen seront plus efficacement pris en charge et pourront y vivre avec leurs familles. Une fois leur convalescence terminée, les anciens patients lépreux pouvaient à nouveaux s’installer dans le village après l’avoir quitté pendant six mois. Par ailleurs, l’œuvre humanitaire du Dr Albert Schweitzer est honorablement et planétairement récompensée le 10 décembre 1952 lorsqu’on lui décerna le prix Nobel de la paix.

C’est une récompense d’envergure planétaire octroyée, entre autres, à des personnes ayant apporté le plus grand bénéfice à l’humanité par leurs inventions, par l’œuvre littéraire la plus prodigieuse ou encore par leur labeur en faveur de la paix dans le monde. Etant absent de la cérémonie, c’est le représentant diplomatique de la République française en Norvège qui le réceptionna. A partir de cet instant, la voix du Dr Schweitzer comptera auprès de la communauté internationale devenant un acteur prépondérant des décisions politiques de portée planétaire.

On peut prendre pour exemple, sur ses prises de position concernant la prolifération incontrôlée et funeste des armes ou encore la course aux armements en particulier nucléaires. S’étant longtemps fait esclave du silence suite aux différents débats portant sur la dangerosité du développement de l’armement, c’est à partir de 1954 que Schweitzer commencera à alerter l’opinion public et les dirigeants des pays occidentaux sur l’épineuse thématique de la léthalité nucléaire. Après s’être attiré les foudres de certains dirigeants dont l’ex président américain Dwight David Eisenhower.

Il réussira même à avoir en partie gain de cause quand le 5 août 1963, les présidents américain et russe, John Fitzgerald Kennedy et Nikita Khrouchtchev, un traité d’interdiction partielle des essais nucléaires. D’Allemagne en France en passant par la Grande-Bretagne et ce jusqu’au Gabon, le Docteur Albert Schweitzer fut le récipiendaire de nombreuses décorations et récompenses honorifiques avant et après décembre 1952.

Nonobstant ces marques de reconnaissance, le Dr Schweitzer lancera les travaux d’édification de son « village de lumière » en mai 1953. Au courant du même mois, il s’en ira pour l’Europe et donnera des concerts dans la ville de Strasbourg. Après la réception de son prix Nobel le 4 novembre 1954, Monsieur et madame Schweitzer regagnèrent Lambaréné en décembre 1954. L’argent que lui avait rapporté l’obtention de son prix Nobel fut utilisé par le Docteur alsacien pour accélérer les travaux de son nouveau projet.

En juin 1955, le Dr Schweitzer quitta à nouveau le Gabon pour l’Europe à la suite de l’inauguration du « village de lumière » en mai 1955. De janvier 1956 à juillet de la même année, l’octogénaire docteur Schweitzer séjourna à Lambaréné pour la douzième fois. Il était accompagné de son épouse. Malheureusement, elle rendit l’âme le 1er juin 1957 en Suisse après avoir été évacué du Gabon le 22 mai, en raison de la détérioration de son état de santé. Albert Schweitzer lui ne regagna à nouveau l’Europe qu’en août de la même année.

A la fin de l’année, il rentra à Lambaréné et y passa plus d’un an et demi. En août 1959, Schweitzer pris à nouveau congé du Gabon pour le « vieux contient ». Ce fut son ultime visite européenne à ses amis étant donné que sa femme était morte tandis que sa fille et ses collaborateurs travaillaient de concert avec lui à Lambaréné. Schweitzer qui était désormais âgé de 84 ans entreprit une tournée européenne pour faire ses adieux à des proches se trouvant en France notamment à Strasbourg et en région alsacienne mais aussi en Suisse, en Allemagne, au Danemark, en Grande-Bretagne, au Pays-Bas, en Belgique ou encore en Suède. Le décembre 1959, le Dr Schweitzer entreprit son dernier voyage pour le Gabon. Lorsqu’il s’éteignit à l’âge de 90 ans, son hôpital comptait 560 lits, 4 médecins et un grand nombre d’infirmières dont 14 d’origine européenne. De nos jours, l’hôpital Schweitzer demeure toujours une destination privilégiée des touristes provenant du monde entier et un espace médical toujours prisé par les malades.

Nombreux sont les occidentaux et les africains mais plus particulièrement les gabonais à mettre en avant l’humanisme, l’altruisme, la solidarité et le spécisme qui caractérisaient le « Grand Docteur ». Plusieurs patients venus des environs du fleuve Ogooué et des autres horizons du Gabon ont pu recouvrir la santé et ont été libérés à jamais du mal qui les avait tant rongés. Au sein de l’hôpital de brousse à l’origine puis de l’actuel site de la structure sanitaire de Schweitzer en ajout du « village de lumière » dont la construction fut achevée en 1953, Schweitzer a toujours été au service de ses patients, dont la majorité était loin d’être des nantis. Philanthrope affirmé, il a consacré sa vie à rendre leurs quotidiens bien meilleurs sur les plans social, sociétal et sanitaire.

C’est en tout cas ce qu’ont relaté bon nombre de gabonais ayant connu le Dr Schweitzer tels que Benoît Moussavou Wora, un enfant dont la mère décéda alors que son jumeau et lui n’avaient que deux semaines d’existence. Ils furent logés, éduqués et nourris par Schweitzer durant une quinzaine d’années. C’est aussi ce que pense aussi Jacques Adrien Rolagho, enfant élevé à l’hôpital Scweitzer, ou encore Anne-Marie Babalou Badji, une ancienne infirmière dudit hôpital. « Ma destinée a été Lambaréné. Je me sens tellement privilégié dans ma vie que je ne peux pas penser qu’elle pourrait être autre  », affirmait le Grand docteur dans l’une de ses interviews accordés au sein même de Lambaréné.

Notons aussi que le Dr Schweitzer et son hôpital ont joué un rôle important durant les affrontements qui se déroulèrent non loin de Lambaréné durant la Seconde Guerre Mondiale entre les vichystes et les forces française libres. En effet, le praticien alsacien avait instauré une neutralité dans la prise en charge des nombreux blessés issus des deux camps.

 Docteur Schweitzer & Mr Hyde

A défaut d’idéaliser l’image que l’on pourrait se faire du Dr Albert Schweitzer, il faudrait se rendre à l’évidence que chaque homme possède en lui d’intrinsèques anomalies et nul ne peut se targuer de se mouvoir dans une perfection utopique. De prime à bord, il faudrait lucidement rappeler que le Grand docteur ne fut pas le premier médecin colonial exerçant au Gabon. Quelques missionnaires de la profession médicale sont déjà présents dans ladite colonie avant l’arrivée de Schweitzer selon le français Othon Printz, théologien protestant et docteur en psychiatrie, dans son roman « Avant Schweitzer » paru durant le mois de septembre 2004.

Il s’agit de Robert Nassau, un explorateur, pasteur et médecin américain, de Maurice Robert, missionnaire suisse ayant des faits des études de médecine et fondateur de la première infirmerie de la région de Lambaréné ou encore de l’infirmière et sage-femme alsacienne, Valentine Ehrhardt épouse Lantz. Ensuite, plusieurs imperfections ont été attribuées à Schweitzer notamment son libéralisme théologique, sa condescendance, son paternalisme, son irrévérence et le piètre standard d’hygiène de son hôpital.

Quantité de personnes issu du colonat vivant ou en brève visite au Gabon, ayant côtoyé le docteur alsacien, n’en ont pas toujours dit du bien. Bien au contraire, elles ont dépeint le mythe selon lequel « la grandeur et la bonté de Schweitzer n’avait d’égal que lui-même ». Ce sont essentiellement d’anciens malades ou de curieux visiteurs européens de l’hôpital.

Les envies prononcées de Schweitzer pour s’envoler au Congo français remontent à l’automne 1904. L’année d’après, il voulut se rendre au Gabon en tentant d’usurper la profession de médecin et fut aussitôt freiner par la Société protestante de Paris qui organisait les voyages vers les colonies françaises en Afrique avec pour point de départ Bordeaux. Même au sein de la SMEP, nombreux sont les missionnaires qui n’avaient sympathie aucune pour Albert Schweitzer.

Seul Alfred Boegner (président de la SMEP de 1882 à 1912) et son frère Marc lui avaient apporté leur soutien total. Ce qui lui permit à Bordeaux, d’embarquer dans un navire en partance pour le Gabon en 1913. Cependant, les religieux craignaient de Schweitzer qu’il libéralise la pensée chrétienne et remette sans cesse en cause l’Evangile classique car il était connu pour ses sermons et sa doctrine contestataire des textes bibliques anciens exclusivement ceux issus du « Nouveau Testament ».

C’est clairement ces raisons qui ne firent pas de Schweitzer un candidat remplissant toutes les conditions requises pour des missions coloniales. Aussi, en dépit du fait qu’il s’en prenait ouvertement aux scabreuses et inhumaines méthodes d’asservissement des peuples par l’empire allemand dans ses colonies africaines en particulier dans le Sud-Ouest africain allemand (République de Namibie actuelle) au cours du poignant « génocide des Héréros et des Namas » ayant eu lieu entre 1904 et 1908, Albert Schweitzer a toujours été considéré comme un allemand à part entière malgré sa double appartenance culture liée à son alsace natale.

Ce n’est par exemple que dans les années 1950 que plusieurs français ont su qu’il était l’un des leurs tant ses écrits étaient presque tous rédigés en allemand et traduits bien plus tard dans la langue de Molière. Afin d’obtenir le « droit » de s’en aller au Gabon, Schweitzer va se former en médecine mais en y mettant toute son énergie et de l’entrain en effectuant des stages souvent dans des Facultés ou des services tenus par des amis à lui ou dirigés par des proches de sa famille.

Ce procédé jettera un discrédit sur la formation de l’alsacien. Cependant, il obtint son doctorat en 1913 avec une thèse de stage dénommée « L’évaluation psychiatrique de Jésus : Présentation et critique ». Albert Schweitzer s’attire à nouveau les critiques des théologiens traditionnels. Mais avec l’appui d’Alfred Boegner, il se rendra finalement au Gabon français. Quand il arrive à Libreville, le natif de Kaysersberg emporte avec lui environ 70 caisses de matériel ainsi que son piano à pédalier d’orgue qu’il réceptionna deux semaines après son arrivée.

Les droits de douane qui lui sont demandés sont au-dessus de ses moyens. Pour ne pas s’en acquitter, il échange longuement avec l’agent des douanes en poste et lui propose en lieu et place des taxes douanières, la gratuité des soins de ses proches et lui ad vitam aeternam non sans oublier de lui indiquer sa profession et sa mission dans la colonie. Ce que l’agent accepte. C’est donc par cette indélicatesse, à la limite d’un acte corruptif, que notre praticien alsacien commença son aventure tropicale gabonaise.

Trois jours après son arrivée en terre gabonaise, Albert Schweitzer prononça un prêche avec un auditoire était composé de nombreux autochtones et de quelques européens. Cette attitude ne plut pas à ses supérieurs hiérarchiques de la Mission protestante de Paris qui lui avait donné injonction de ne point s’adonner à des pratiques religieuses, quelle qu’elles soient. Mais l’homme n’en fit qu’à sa tête et foula même l’autorité du chef de la station protestante d’Alembé qui l’accueillit ; des consignes lui avaient pourtant été données d’attendre que le dispensaire qu’on avait promis lui construire puisse sortir de terre en toute diligence.

Sans autorisation aucune, Schweitzer bâtit une infirmerie dans le poulailler de ladite station. Au fil du temps, le nombre croissant des malades rendit la situation compliquée car le chef de missionnaires, René Ellenberger, se méfiait des maladies contagieuses dont les porteurs représentaient un danger certain pour les apprenantes et les missionnaires eux-mêmes. Les prédications improvisées et les « concerts » que Schweitzer offrait à ses nombreux malades attiraient tellement de personnes que la cohabitation avec les autres religieux devint impossible.

Il fallut donc trouver une solution dans l’urgence. Avec l’aide de ses nombreux influents amis métropolitains, Schweitzer put bénéficier d’un terrain où il construisit son premier hôpital de brousse. Ce fut une réelle victoire pour l’alsacien. Une fois installé « chez lui », il put mettre en place ses méthodes thérapeutiques et inculquer sa vision théologique.

Le Grand docteur disait « C’est en me fiant à la vérité incarnée dans la fraternité des hommes marqués du sceau de la souffrance que j’aie osé fonder l’hôpital de Lambaréné. ». Pour lui, la douleur et les maux des broussards qu’il traitait était le socle même de son engagement en dépit de la manière de s’y prendre. Un médecin colonial à la retraite, diplômé de la Faculté de médecine de l’Université de Bordeaux et de l’Ecole de santé navale ayant exercé 27 ans dans les départements et les territoires d’Outre-mer, du nom d’André Audoynaud a lui aussi tenu a soulevé les parts d’ombre de Schweitzer dans son roman « Le docteur Schweitzer et son hôpital à Lambaréné : l’envers d’un mythe » sorti en 2005. Il ne fut pas le seul.

Même feu Pierre Péan dans son volcanique ouvrage « Affaires africaines » paru en 1983 souleva les côtés sombres de Schweitzer tout comme l’écrivain franco-israélien Marco Koskas dans son ouvrage « Albert Schweitzer ou le démon du bien » paru en décembre 1992. Blasphèmes et comparaisons outrageuses envers le sacerdoce ou encore la divinité furent souvent le propre du Dr Schweitzer qui n’hésita pas à, en 1930, élever son hôpital au rang de « royaume de Dieu ». Les populations indigènes étaient fidèles au « Grand docteur » car il leur apportait des soins médicaux et même des toits pour certains. Nonobstant sa pratique de la médecine et de la chirurgie « primitive », la qualification de Schweitzer a longtemps souffert d’une réelle reconnaissance.

La maladie de Hansen qui a longtemps été le fer de lance de la pratique médicale Schweitzérienne ne fut pas pour beaucoup de médecins coloniaux ou praticiens de brousse un réel fléau pandémique comme a pu le laisser entendre le « Grand docteur » et ses soutiens. C’est ce qu’affirmait André Audoynaud qui fut directeur à l’hôpital Schweitzer de Lambaréné. Certes, Albert Schweitzer a contribué au traitement de bon nombre de patients africains notamment des lépreux mais le fait qu’un faible nombre d’européens ne fréquentaient pas son établissement en dit long sur l’efficience et l’organisation du « Grand docteur » comme Schweitzer se plaisait à se faire appeler.

On estime que la pathologie de la lèpre a été rattachée à l’œuvre de Schweitzer pour mieux le mettre sous les feux des projecteurs et instrumentaliser l’opinion internationale. Les images et mises en scène de pauvres africains qui en souffraient servaient bien de propagande pour convaincre les mécènes occidentaux. Selon toute vraisemblance, le Dr Schweitzer s’investissait plus efficacement en catimini pour son service de néonatologie dont il était éperdument épris. Jean-Paul Sartre disait de Schweitzer dans les années 1950 qu’il était « le plus grand filou qui soit ».

En plein processus de décolonisation des « anciennes » chasses gardées françaises en Afrique, le Grand docteur s’offusqua du fait de l’octroi au Gabon par la France, de son droit à disposer de lui-même. Le praticien alsacien y était fermement opposé et estimait que les « primitifs » gabonais ne possédaient pas encore la maturité démocratique.

Un jugement paternaliste et digne d’un impérialiste dont l’influence s’amoindrissait. C’est en tout cas cette posture condescendante clairement marquée d’un hégémonisme occidental sous fond de racisme que Schweitzer laissa transparaître dans son livre « Ma vie et ma pensée » paru en 1960 dans lequel il affirmait « Dans mes rapports avec les primitifs, j’en vins naturellement à me poser la question si souvent discutée, de savoir s’ils étaient seulement des êtres prisonniers de leurs traditions, où s’ils étaient capables de penser par eux-mêmes.

Un esprit de domination et d’indifférence qui pourrait se rapporter à un membre appartenant à un cercle ésotérique. En effet, selon les journalistes français d’enquêtes Renaud Lecadre et Ghislaine Ottenheimer dans leur œuvre « Les frères invisibles », Albert Schweitzer faisait partie de la communauté franc-maçonne. Mais aucun élément accablant ne fut véritablement soulevé dans leur analyse. Ce qui ne rend pas très plausible cette thèse. En outre, l’hôpital du docteur alsacien dont on avait angélisé les contours n’était pas pour ceux qui s’y rendaient, une structure normée de santé mais plutôt un ensemble de masures.

Le Dr Audoynaud en fit l’amer expérience lors de sa première arrivée sur les lieux. Plein d’européens pensaient également comme lui, méprisant et ironisant l’étonnante notoriété de Schweitzer et de son hôpital à travers le monde. De plus, l’hôpital de Lambaréné enregistrait de sérieux problèmes d’hygiène et de rangement, ce qui constituait déjà une énorme faille dans l’activité sanitaire.

Dans l’hôpital du Dr Schweitzer, tous les êtres vivants qui s’y trouvaient, partageaient des espaces communs. Entre les immondices des hommes et la promiscuité des animaux, l’on pouvait clairement se rendre à l’évidence du degré d’insalubrité qui caractérisait l’hôpital. Encore plus dément, Albert Schweitzer était convaincu que « le psychisme des primitifs était un facteur essentiel de guérison » en sous-entendant que les conditions exécrables d’internement et de soins des patients africains n’avaient pas grand rôle à jouer dans le recouvrement de leur santé.

Bien souvent, le Dr Albert Schweitzer s’adonnait même à des expériences thérapeutiques indignes comme celles qu’il mit au point pour soigner la gale. Une sorte de pommade faite de fleur de souffre, d’huile de palme brute, de restes d’huile provenant de boîtes de sardines et du savon vert dont il se targuait de l’efficacité. Par ailleurs, au-delà du manque criant de toilettes modernes et de latrines assez bien entretenues, le fameux « village de lumière » était en réalité un centre où régnait une forme d’apartheid avec des zones allouées à chacune des ethnies des patients. Cependant, une discrimination raciale était bien présente à l’hôpital de Schweitzer car tout avait été mis en œuvre pour que les occidentaux aient un pavillon à eux afin d’éviter toute cohabitation avec les africains. Bien évidemment, le pavillon des colons était bien plus moderne et plus conforme que ceux des « primitifs ».

Durant le neuvième mois de l’année 1962, un brûlot paru dans l’hebdomadaire panafricain « Jeune Afrique » titré « Le scandale de Lambaréné » écrit par une l’écrivaine de nationalité américaine répondant au nom de Jane Rouch dresse un portrait de l’hôpital Schweitzer ainsi que ses traits de caractère qui sont bien loin de ceux relayés dans la presse. Globalement pour l’auteure, le praticien Schweitzer n’est rien d’autre qu’un colonialiste s’étant servi de son hôpital de brousse, où promiscuité et précarité s’enlacent, pour construire son mythe.

Des méthodes scandaleuses de chirurgie furent aussi imputées au docteur alsacien telles que des opérations sur des africains sans anesthésie ou des extirpations dentaires au moyen d’outils inappropriés (scie à bois, tenaille…). Il effectua aussi des expériences thérapeutiques sur les populations autochtones qui furent traités comme des rats de laboratoire. Schweitzer accepta par exemple de tester sur des gabonais, un médicament conçu à l’institut de recherche médicale Rockefeller, la tryparsamide.

Une demande qui lui fut adressés le 8 février 1923. L’objectif de cette démarche visait à récolter des données physiques, mentales, fluidales et neurologiques sur des « cobayes » africains vivant à Lambaréné. Un vrai acte de charlatanisme médical parjurant le serment d’Hippocrate. L’auteur anglais, Gerard McKnight, dépeindra lui aussi une analyse peu reluisante du « Grand Docteur » dans sa critique intitulé « Verdict on Schweitzer » élaboré en 1964.

Comme le Dr Audoynaud le dira si bien « Lambaréné et Schweitzer c’est une belle histoire livrée à l’opinion publique mais qui véhicule, hélas, de trop nombreux clichés et d’âneries dont il est bien difficile de se défaire et qui pourtant continue de nourrir la légende. ».

 Lobbysme Schwétzérien

A son retour en Europe en 1927, Albert Schweitzer est accueilli comme une véritable rock star. A cette période, il entretient déjà une étroite relation avec l’institut de recherche médicale Rockefeller. Les Rockefeller est une puissante famille américaine aux origine juives. Ses membres seront pilier incontournable du mythe « Schweitzer » surtout Nelson Rockefeller. Ces derniers lui rendront même visite à Lambaréné dans les années 1950. Les Rockefeller sont clairement une pièce importante de la construction de la légende du « Grand Docteur » par voie de presse multiforme. D’importants intellectuels anglo-saxons ont eux aussi été des soutiens de poids pour l’idéalisation de l’œuvre du docteur alsacien.

Après l’institut Rockefeller, Albert Schweitzer s’est fortement lié d’amitié avec plus responsables de laboratoires pharmaceutiques qui lui obtenaient du matériel médical et chirurgical quand il en émettait le besoin. Dès 1912, avant son départ pour le Gabon, Albert Schweitzer avait pu bénéficier d’importantes aides pécuniaires, médicamenteuses et matérielles. Des amis à lui créèrent même une cellule de veille pour assurer ses ravitaillements médicaux à la moindre demande. Après s’être longtemps approvisionné chez des chefs de cabinets médicaux, des tenanciers de pharmacie, des établissements hospitaliers et des organisations de recherche dans le domaine de la médecine, le « Grand Docteur » a ensuite collaboré avec de grands groupes pharmaceutiques.

La raison qu’avançait Schweitzer pour avoir gain de cause dans ses tractations mercantilles et bienfaitrices, était celle d’une rédemption à l’endroit des peuples africains longtemps stigmatisé par l’occidentalisme et le colonialisme sauvage. Strasbourg était la base arrière de l’activité humanitaire d’Albert. En fait, plusieurs théologiens européens soutenaient la mission de leur confrère. Au fil des années, les produits médicaux provenaient directement des laboratoires occidentaux vont être acheminés à Lambaréné en raison de la stature du « Patron ». Au courant des années 1950, la Ciba-Geigy, ancienne entreprise chimique helvétique et pharmaceutique, devient un partenaire de choix du docteur alsacien.

Elle lui demande même à des occasions de mener des expérimentations sur certains des malades de l’hôpital de Lambaréné en contrepartie de contribution. D’ailleurs, plusieurs compagnies pharmaceutiques marchandaient de la sorte avec le « Grand Docteur » moyennant des récompenses qu’il fixait, le plus souvent, à sa guise. Albert Schweitzer bénéficiera de nombreux réseaux éponymes tapis dans plusieurs villes d’Europe, des Etats-Unis mais d’Amérique mais aussi d’Asie comme à Lyon, à Bâle, à Tokyo ou encore à New-York. Parmi ses soutiens de haut-rang, on peut aisément citer Arthur Stoll, professeur d’université, biochimiste et chimiste. Il était le directeur du département pharmaceutique de de Sandoz SA (Novartis de nos jours).

Ensuite, il y a, entre autres, le new-yorkais Edward Hume, docteur missionnaire et secrétaire de « American Christian Medical Council ainsi que le pharmacien chef strasbourgeois Robert Weiss, les professeur et docteur tokyoïte Minoru Nomura et Isao Takakashi, l’écrivain, poète, théoricien français, André Breton, le célèbre révolutionnaire et homme politique russe Léon Trotski. Parmi ses autres proches, il y a l’expert organiste alsacien Emile Rupp, le juriste et philosophe tchécoslovaque Oskar Kraus, le philosophe, sociologue et homme politique tchécoslovaque Tomas Garrigue Masaryk, le très renommé physicien théoricien allemand Albert Einstein, le chimiste et physicien américain Linus Carl Pauling, le psychiatre et philosophe germano-suisse Karl Jaspers, l’écrivain grec Nikos Kazantzakis, Charles Marie Widor, le pasteur et théologien français George Marchal, le haut fonctionnaire, chef d’entreprise et homme politique Durant-Réville (il fut conseiller puis sénateur du Gabon de 1947 à 1958) ou encore le moraliste, épistémologue, philosophe, logicien, philosophe, mathématicien et homme politique britannique Bertrand Arthur William Russell, 3ème comte Russell. En 1940, « The Albert Schweitzer Fellowship (ASF)/ L’amicale Albert Schweitzer en français » est fondée et fut basé au Canada et aux Etats-Unis. Nous pouvons constater que la pléthore d’alliés du « Grand Docteur » ainsi que ses nombreux réseaux dans les milieux organistes, théologiques et médicales ont façonné l’image idyllique de Schweitzer en le hissant au sommet de l’estime du commun des mortels.

C’est sans aucun doute avec l’effort et la surenchère de son agenda bien fournis qu’il sera auréolé en 1952 du Prix Nobel de la paix. Mais cette haute distinction est le fruit d’une hyper médiatisation de l’œuvre de l’alsacien appuyée en grande partie par les anglo-saxons et ses amis européens provenant des milieux aristocrates et bourgeois

 Un précurseur du spécisme

A bien des égards, le Dr Albert Schweitzer était un homme respectueux de l’écosystème qui l’entourait en particulier des animaux mais aussi des végétaux qui partageaient son quotidien et celui de ses nombreux patients. C’est bien pour cela que certains de ses détracteurs appelaient sa structure hospitalière de Lambaréné, le « zoo-hôpital » tant les animaux qui y vivaient n’avaient interdiction aucune de se pavoiser çà et là dans l’enceinte de l’établissement, dormant même dans des chambres des malades.

L’on peut clairement affirmer que le praticien alsacien avait été éduqué dans le strict respect d’autrui. Il avait développé, très jeune, un attachement pour la cause animale à qui il vouait une considération importante. Ses nombreuses lectures l’ont convaincu de prendre position très tôt pour la cause animale et végétale dont les espèces représentent des canaux considérables de régulation de la vie sur terre. A Lambaréné, on trouvait toute sorte d’animaux à savoir des pélicans, des chiens, des gazelles, des moutons, des chimpanzés, des chèvres, des boucs, des perroquets, des poules…

Il y avait aussi des chats à foison à tel point que l’endroit été considéré comme un « miaooland ». D’aucuns affirment que Schweitzer détestait la chasse et qu’il s’évertuait souvent à être végétarien. Une éthique de vie en totale harmonie avec le respect de toute autre forme de vie. Cette doctrine de vie l’a bel et bien emmené à rédiger quelques ouvrages où il exprime sa pensée concernant une prise de conscience et un changement réfléchi et assumé de l’être humain envers les autres êtres vivant qui constituent son environnement.

Bien qu’il ait été amené très souvent à avaliser, dans la douleur, la mort d’un animal ou de la lui donner lui-même pour des motifs divers et complexes, Albert Schweitzer s’est à plusieurs reprises confié sur son admiration et sa dévotion pour le respect des animaux dans « Souvenir de mon enfance », « A l’orée de la forêt vierge », « Ma vie et ma pensée », « Civilisations et éthiques section L’éthique du respect de la vie », « Histoires de chasses africaines », « La mystique de l’apôtre Paul », « Nouvelles de Lambaréné » etc. et dans plusieurs correspondances échangées avec des proches.

Même si le spectre des vicissitudes du colon qu’il fut l’a souvent emmené à faire des choix lui causant des accusations d’aversion et d’insouciance pour les hommes africains qu’il soignait, des témoins l’ayant fréquenté ont soutenu cette thèse de « Schweitzer, ami des animaux et bien plus » à l’instar du docteur et auteur français Jacques Bessuges ou encore de l’écrivain, poète et journaliste français Philippe Soupault. Par ailleurs, le « Grand Docteur » fut éleveur, arboriculteur et jardinier. Il remporta même le Concours agricole des animaux reproducteurs de l’Afrique équatoriale française.

 Distinctions honorifiques

L’œuvre d’Albert Schweitzer a été récompensé à travers le monde par de nombreux prix et médailles. En effet, il a reçu en 1928 en Allemagne, le prix Goethe de la ville de Francfort-sur-le-Main ainsi que la médaille Goethe pour l’art et la science de ladite ville ; il a par ailleurs été élevé au rang de Citoyen d’honneur de Francfort. Par la suite, il a été récipiendaire du titre de Chevalier de la Légion d’honneur en 1948, au titre de Grand Officier de la Légion d’honneur française en 1950, du prix de la paix des libraires allemands le 16 septembre 1951 reçu aussi à Francfort et de la médaille Paracelse le 30 septembre 1952, première distinction qu’il perçoit dans l’exercice de sa fonction de médecin.

Schweitzer possède, entre autres, la médaille James Cook obtenue en 1959, l’étoile de l’Ordre du Mérite pour les sciences et les arts, vainqueur du prix de Citoyen d’honneur de la ville de Plafenhoffen (ancienne commune française située dans le département du Bas-Rhin dont l’emplacement régional est le Grand Est devenue aujourd’hui une commune déléguée de la commune nouvelle de Val-de-Moder), de la Grande médaille d’or de la société d’encouragement au progrès en 1952, du Prix Sonning et de l’Ordre du Mérite français en 1959, de la médaille d’or du World Wildlife Fund (Fonds mondial pour la vie sauvage en français) de la Médaille d’or de la ville de Paris en 1954, de l’Ordre du Mérite des royaumes du Commonwealth, décerné en 1955 par la monarque du Commonwealth, Elisabeth II.

Le Dr Schweitzer est aussi détenteur des Insignes de l’Ordre du mérite de la République fédérale d’Allemagne (RFA) reçu à Bonn 1955, de l’Etoile de l’Ordre équatoriale attribué en 1960 par le Premier ministre Léon Mba qui l’éleva au rang de Commandeur. Sa plus belle récompense reste de loin, le Prix Nobel de la Paix qui lui a été décerné en 1952. Schweitzer a été fait membre de l’Académie royale des sciences de Prusse à Berlin, de l’Ordre de Saint-Lazare de Jérusalem ou Ordre des hospitaliers de Saint-Lazare de Jérusalem fondé à Jérusalem mais basé aujourd’hui en France à Boigny-sur-Bionne, de l’Académie française des sciences morales et politiques le 3 décembre 1951, de l’Académie bavaroise des Beaux-arts et de l’Académie américaine des Arts et des Sciences.

Le 5 novembre 1961, Albert Schweitzer devint un membre de la « Church of the larger fellowship (Eglise de la grande fraternité en français) ». Il fut aussi un membre de la Fédération nationale de corporations chrétiennes, une fédération d’étudiants en Allemagne fondée en 1887. Compositeur et écrivain, les travaux de Schweitzer ont été auréolés en 2015 du Prix du patrimoine Nathan Katz. La Faculté de philosophie de l’université de Prague en République de Tchécoslovaquie (République tchèque actuelle) a octroyé le titre de docteur honoris causa à Albert Schweitzer, le 5 décembre 1928. Celles de Munich en a fait autant en 1920.

André Malraux, ministre d’Etat chargé des Affaires culturelles, alla à la rencontre du docteur alsacien en 1960 à Lambaréné au moment de sa visite au Gabon en août 1960 pour participer à la cérémonie officielle de la proclamation de l’indépendance du pays ; il était alors pour l’émissaire plénipotentiaire du président français, le général Charles De Gaulle. L’Abbé Pierre, prêtre catholique et théologien de renom, fondateur du « Mouvement Emmaüs », emboîtera le pas en 1961. La cérémonie marquant le cinquantenaire de la venue de Schweitzer au Gabon fut organisée le 18 avril 1963. Il devint nonagénaire le 14 janvier 1965 mais suite à son âge avancé et à la fatigue qui l’immobilisait souvent des jours au lit, une fête d’anniversaire eut lieu dix jours avant sa date de naissance. La fin du Doc était très proche.

 Patrimoine littéraire et musical

La production littéraire du Dr Albert Schweitzer est assez conséquente. Ses premiers écrits non biographiques sont des thèses en philosophie et en théologie. Il s’agit de « La philosophie kantienne de la religion, de la critique de la raison pure à la religion dans les limites de la simple raison », « La sainte Cène en relation avec la vie de Jésus et l’histoire du christianisme primitif », « Mystère messianique, esquisse de la vie de Jésus » soutenus respectivement en 1899, en 1901 et en 1902. On trouvera ensuite dans sa bibliographie, des œuvres telles que « De ma vie et ma pensée » publiée en 1931, « Histoires des chasses africaines » publiée en 1936, « Histoires africaines : Histoire de la forêt vierge » en 1941, « Paix ou guerre atomique » en 1958, « Nouvelles de Lambaréné - Du printemps à l’automne 1924 » en 1925, « A l’orée de la forêt vierge : expériences et observations d’un médecin dans la jungle de l’Afrique équatoriale » en 1923, « Psychopathologie du nationalisme » en 1915, « Christianisme et religions du monde » en 1922, « La mystique de l’apôtre Paul » en 1930. Le médecin alsacien a aussi écrit des livres biographiques sur Eugène Munch et Jean-Sébastien Bach (Johann Sebastien Bach en allemand), un autre célèbre organiste allemand.

Ces livres sont « Eugène Münch » édité en 1898, « Jean-Sébastien Bach, le musicien-poète » sorti en 1905 et « Johann Sebastien Bach » édité en 1908. Schweitzer a également rédigé sa pensée sur l’orgue, dont il était profondément attaché, dans « Art comparé de la facture et du jeu de l’orgue en France et en Allemagne » publié en 1906 ou encore dans « Règles internationales sur la construction des orgues » sorti lui en 1909.

Quantité d’autres œuvres du Dr docteur Schweitzer ont été publiés à titre posthume à l’exemple de « La paix par le respect de la vie » en 1979, « Conversations sur le Nouveau Testament » en 1996, « Culture et éthique dans les religions du monde » en 2001 ou encore « Nous les épigones : La culture et l’Etat civilisé » paru en 2005. Il existe néanmoins un nombre considérable de sermons, de correspondances et d’enregistrements du Dr Schweitzer jouant sur les compositions de célèbres organistes tels que celles du compositeur, chef d’orchestre, pianiste, organiste et écrivain allemand Félix Mendelssohn ou de l’organiste, professeur et compositeur français, Charles-Marie Widor.

On y retrouve évidemment des enregistrements schweitzériens reproduisant des compositions de Sébastien Bach et celles de César-Franck, professeur, organiste et compositeur français ; il a enregistré plusieurs disques à Strasbourg, Gunsbach ou encore à Londres. Cependant, un nombre important de documents de Schweitzer n’ont pas, pour l’heure, toujours été publiés.

 Départ du monde des vivants

Le 4 septembre 1965 représente la date de décès du Dr Albert Schweitzer qui s’était éteint loin de son Alsace natale. C’est finalement au Gabon, dans son pays d’adoption au sein de la localité de Lambaréné, qu’il soupira pour la dernière fois d’une brève affection médicale au bout de son quatorzième voyage dans l’ex colonie de l’empire français appartenant aux DOM-TOM (Départements d’Outre-mer/Territoire d’Outre-mer) de l’Hexagone depuis 1946.

Il sera inhumé le jour suivant au modeste cimetière familial qu’il avait fait construire sur les bords du fleuve « Ogooué » et dans lequel sa femme et son unique enfant sont aussi enterrés après leurs disparition le 1er juin 1957 pour la première et en 2009 pour la seconde. Les cendres de son assistante, Emma Hausknecht, décédée le 4 juin 1956 à Strasbourg s’y trouvent également.

 L’effet « Schweitzer »

En dépit des contrastes idéologiques entre les affidés du docteur Albert Schweitzer et ceux qui en ont dépeint une image bien obscure, le nom du natif de Gunsbach fut associé à celui de nombreuses œuvres artistiques ainsi qu’à des infrastructures urbaines et des institutions et des entités d’aide sociale et non lucratives encore plus quand il fut le lauréat du Prix Nobel de la paix, le 10 décembre 1952.

Premièrement, des milliers de pièces de monnaie, de billets de banque et de timbres postaux et fiscaux à l’effigie de Schweitzer furent élaborés et mis en circulation notamment en République fédérale d’Allemagne (RFA), dans la ville de Monaco, en République démocratique d’Allemagne où encore au Gabon qui dédia à Albert Schweitzer, les premiers timbres qu’il mit sur le marché sur lesquels son pélican et l’hôpital de Lambaréné furent aussi représentés.

Un timbre spécial paré d’or lui sera même voué en 1965. A Strasbourg en 2015, la société philatélique « Union » de 1877 émettra un timbre spécial en mémoire de Schweitzer pour honorer la 50ème année de sa disparition. Cependant en 1975, Albert Schweitzer devait atteindre un siècle d’existence. Pour commémorer cet instant, 36 pays émirent plus de cents timbres pour marquer l’instant. Une aubaine pour les numismates et les philatélistes d’admiration Schweitzérienne.

Deuxio, sur le plan cinématographique, la personnalité d’Albert Schweitzer fut tout aussi présente. On peut citer le documentaire « Albert Schweitzer, anatomie d’un saint » réalisé en 2010 par l’historien et philosophe allemand Georg Misch, les films « Le grand blanc » réalisé en 1995 par le camerounais Bassek Ba Kobhio, « Médecin de l’impossible » du réalisateur sudafricain Gray Hofmeyr et « Albert Schweitzer » du cinéaste américain Jerome Hill sorti en 1957.

Ladite production de cinéma fut couronnée de l’Oscar du meilleur film documentaire en 1958. Une chanson intitulée « Il est minuit, docteur Schweitzer » fait également la part belle à Schweitzer. Elle est issue de l’album « Tristes tropiques » disponible dès 2012 du franco-gabonais Jann Halexander. « Il est minuit, docteur Schweitzer » fut d’abord une pièce de théâtre de l’écrivain catholique Gilbert Cesbron. Ensuite, son adaptation radiophonique et cinématographique du même nom sorti en 1952 a été faite par le producteur français André Haguet. Des sculptures, entre autres des bustes, statues et statuettes, ont été aussi érigées pour sauvegarder la mémoire du fondateur de l’hôpital de Lambaréné. Elles sont l’œuvre des sculpteurs allemands tels que Otto Leiber, Jürgen Von Woyski, de l’économiste et sculpteur de buste Leo Cherne et du sculpteur néerlandais, Pieter de Monchy.

Des monuments ont aussi été bâtis à la mémoire du « vieux blanc ». Quelques-unes d’entre elles furent l’œuvre des artistes allemands Gerhard Geyer et Fritz Behn. Le peintre allemand Oskar Kreibich et l’artiste américain Arthur Heintzelman tout comme Feliks Szczesny Karta, artiste et designer polonais, ont chacun éterniser l’image du docteur Schweitzer à travers leurs portraits. La mémorisation de l’œuvre du docteur alsacien s‘est aussi faite par le biais de nombreux lieux de conservation mémorielle dont le musée Albert-Schweitzer-Gedenk-Und Begegnungsstätte (musée du mémorial Albert-Schweitzer en français) et le Albert-Schweitzer-Hauss (la maison d’Albert Schweitzer en français) en Allemagne.

En France, le domicile où Schweitzer fut né a été érigé en musée ainsi que sa maison de Gunsbach. En terre gabonaise précisément à Lambaréné, Albert Schweitzer y a aussi un musée et ce depuis 1980. Cependant, multiples organisations à but non lucratif et bienfaitrices sont aussi nées pour continuer à promouvoir l’humanitarisme du « vieux docteur ». Il s’agit de la Fondation internationale de l’hôpital du docteur Albert Schweitzer à Lambaréné (FISL), l’Association internationale pour l’œuvre du docteur Albert Schweitzer à Lambaréné (AIOSL) anciennement dénommée Association de l’hôpital du docteur Albert Schweitzer à Lambaréné (ASL) au moment de sa création en 1930 puis Association internationale de l’hôpital du docteur Albert Schweitzer à Lambaréné (AISL).

En terre helvétique, il y a aussi des entités non génératrices de profits comme Nouvelle planète appelée bien avant l’Action Sahel de Schweitzer (ASS) ou encore le Centre écologique Albert Schweitzer (CEAS) mais aussi en France avec l’Association française des amis du Docteur Albert Schweitzer (AFAAS). Il existe dans le monde plusieurs prix Albert-Schweitzer. Des rues et des infrastructures dont il est l’éponyme sont légion.

On peut citer le Square Albert-Schweitzer à Paris, la rue du docteur Albert Schweitzer à Reims, la place du docteur Schweitzer à Lyon, la rue du docteur Albert Schweitzer à Marseille, l’hôpital Albert Schweitzer à Colmar, le célèbre hôpital Albert Schweitzer de Lambaréné, l’immeuble Albert Schweitzer en Allemagne, le lycée Albert Schweitzer de la ville de Kaiserslautern en Allemagne ou encore le lycée Albert Schweitzer de Raincy en France.

Plusieurs distinctions portent son nom notamment le prix Albert Schweitzer décerné par la Société internationale d’urologie (SIU) ou encore le prix Albert Schweitzer décerné par le Fonds néerlandais Albert Schweitzer, le Netherlands Albert Schweitzer Funds (NASF). Au sein du « Musée l’Organe-Demeure du chaos » situé dans la commune de Saint-Romain-au-Mont-d’Or, commune faisant partie de la circonscription départementale du Rhône en France, le portrait d’Albert Schweitzer y est représenté aux côtés de grandes figures de l’histoire comme Nelson Mandela.

Albert Schweitzer a notamment été en première page de plusieurs organes de presse écrite d’envergure internationale. Le 11 juillet 1949, il fait la une de l’hebdomadaire américain « Time » dans lequel il fut listé parmi les 100 personnalités les plus influentes au monde. Bien avant cela, le 6 juillet 1947, un autre populaire magazine américain, « Life », le porte au sommet de l’olympe en l’érigeant au rang du plus grand homme présent sur l’ensemble de la planète.

Le centenaire de l’arrivée du Dr Albert Schweitzer a été célébré au Gabon le 6 juillet 2013 en présence du président de la république gabonaise, Ali Bongo Ondimba, de l’ex professeur de médecine et député français, ancien ministre délégué à la Santé, porte-parole du gouvernement, ministre de la culture, maire de Toulouse, ministre des Solidarités, de la Santé et de la Famille, ministre des Affaires étrangères de 2005 à 2007, Philippe Douste-Blazy.

Etait aussi présent, le biologiste virologue français, codécouvreur du Virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et prix Nobel de médecine, Luc Montagnier ; Yamina Benguigui, réalisatrice et ancienne ministre française déléguée à la Francophonie de 2012 à 2014, avait aussi fait le déplacement pour l’occasion. En sus, l’hôpital Albert Schweitzer de Lambaréné a été déclaré « patrimoine mondiale de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la Culture (Unesco) en 2009.

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